Autant la Sandbox n'est pas l'endroit rêvé pour les militantes du MLF, ni pour les droits les plus élémentaires de la femme comme le droit de vote, le droit de conduire, le droit d'ouvrir un compte en banque sans un mari, un frère, un père et j'en passe tant la liste n'est point exhaustive, autant elle est d'un libéralisme éhonté dans d'autres cas :
Fumer est largement autorisé dans tous les lieux publics, jeter les déchets sur la route par la fenêtre est parfaitement légitime. Dans le meilleur des cas, si vous suivez quelqu'un d'un peu plus civilisé que la moyenne, il vous informera par son "warning" que quelque chose va se passer. A vous de ralentir afin d'éviter la projection d'une canette d'une marque de soda fort connue en plein pare-brise ou une boîte d'un non moins célèbre fast-food avec les restes du Happy Meal compris.
Nul n'est tenu de respecter les limitations de vitesse, pas plus que porter la ceinture de sécurité et bien sûr, il est tout à fait recommandé de téléphoner au volant.
Notre bienveillante Société, responsable de notre sécurité et véritablement soucieuse de cela a mis en place des nouvelles règles à observer qui sont quelquefois coquaces vues de l'intérieur.
Nous ne possédons évidemment pas de "permis de séjour" dans ce pays mais un visa à renouveler tous les 6 mois avec obligation tous les 30 jours de sortir du territoire afin d'apposer un joli tampon sur notre passeport. Le pays limitrophe est le Barhein. Avant son printemps arabe, le Barhein faisait office de pays de cocagne par rapport à son voisin saoudien. Depuis, cela devient un peu plus compliqué pour nous :
1/ Informer la société de notre intention de se rendre au Barhein (par obligation je précise) et attendre le feu vert d'un gentleman assis derrière son bureau londonien et qui n'a jamais mis "a single foot in the Middle East". La réponse est invariable, OK mais attention aux rassemblements !!!! Oh shame, j'étais pourtant bien tentée pour tester les gaz lacrymogènes de la brigade anti-émeutes.....
2/ Laisser notre véhicule à la frontière saoudienne et grimper dans un taxi qui va nous amener, lui, en toute "safety" au Royaume Barhani. Alors là, je m'insurge... c'est plutôt un ticket gagnant pour le Royaume des Cieux !!! Les ceintures de sécurité dont nous devons nous parer à l'arrière sont souvent inexistantes, le driver ne pipe généralement pas un mot d'anglais (nos connaissances en arabe sont limitées, autant pour nous), la communication devient alors difficile quand il s'agit de lui demander de ralentir son bolide qu'il a lancé à 150 km/h sur le pont qui relie les 2 pays où la limitation est à 80 Km/h. La gestuelle dans ces cas-là fait des merveilles mais sans pour autant éviter l'accélération de notre rythme cardiaque.
A leur décharge, il n'y a pas si longtemps, ils étaient encore des bédouins dans le désert avec leurs chameaux. Avec la découverte du pétrole, ils se retrouvent projetés dans le 21ème siècle mais rappelons que leur calendrier indique encore l'an 1433, je crains que les comportements et les mentalités soient restés à cette date d'où certains "décalages". Imaginez vous faire un grand écart permanent avec un pied au Moyen-âge avec les gueux, les manants, les mules et un autre pied dans le monde actuel, l'exercice est déstabilisant, vous en conviendrez... Les chameaux ont donc été remplacés par de puissants 4X4 mais le mode d'emploi n'a pas forcèment été livré avec, pas plus sûr que tous ne possèdent leur permis de conduire, d'où des situations "au-delà du réel" comme :
Traverser subitement l'autoroute pour aller à la station service en face (pas de glissière de sécurité entre)
Vouloir passer coûte que coûte, à droite, à gauche, voire sur le sable, ou sur des voies non prévues à cet effet dans le tracé initial des Ponts et Chaussées.
Je passe sur les enfants non ceinturés, à l'avant, jouant sur les genoux de leur mère ou debout sur le fauteuil, les ados pré-pubères qui conduisent ou du moins essaient de conduire d'énormes véhicules, le nez arrivant à peine à la hauteur du pare-brise, je vous laisse juger de leur dextérité au volant. Inutile de préciser qu'hélas, les spots les plus "gore" de la prévention et sécurité routière française font ici partie du quotidien sans que cela ne frappe la conscience collective.
Ainsi va la vie dans ce merveilleux pays et j'en viens à me demander si finalement elle ne serait pas plus douce dans le désert........